Les tics de langage (B2 -> C2 mais découverte dès A2, B1)

Certains tics de langage se déclinent en une multitude de variantes les unes plus banales ou loufoques que les autres. Par exemple, si le simple « voilà » sert déjà et suffit souvent à lui seul à couper court à toute réplique postérieure (pour en rajouter encore ou égrainer les propos antérieurs), « voilà voilà », qui est de retour depuis peu, est carrément bourré d’autosatisfaction et de condescendance vis-à-vis de l’interlocuteur, quitte à le stopper net laissant entendre qu’il en a dit suffisamment et que personne n’est intéressé à en savoir davantage. Alors que c’est tout le contraire pour « voili voilà (les chachas) » et « voili voilou (les chouchous) », eux devenus définitivement ringards et sonnant on ne peut plus enfantins, nous conduisant d’ailleurs, aux dires de nos enfants, directement en enfer en cas d’utilisation devant leurs amis, au même titre que l’affreux et redouté « Coucou nous voilou! » à l’heure où on les amène ou vient chercher chez les copains.

Mais c’est sans parler de l’irritant « j’ai envie de dire », dont les variantes, tout aussi banales les unes que les autres, pullulent: « je veux dire», « on va dire », « j’allais dire », « je dirais ». Mais dites-le à la fin, bon sang, et cessez de jouer aux faux frileux faisant semblant de nous donner encore un dernier répit avant de nous lâcher le morceau! Participe du même degré de banalité le fréquent « si tu veux »: on a envie de couper court avec un cinglant « Et si je ne voulais pas, vous feriez quoi, hein?! ».

Et on ne vous apprend rien de nouveau si on vous dit que c’est d’habitude chez les autres plutôt que chez nous-mêmes qu’on détecte cette manie à répéter sans cesse certains mots ou expressions. Rien de plus agaçant que d’entendre un(e) de vos collègues consommer à haute dose et à longueur de journée des expressions comme « Arrête, je meurs », « C’est aberrant » ou « Quelle prise de tête », pas vrai?

« Pourriez-vous user de votre influence […] auprès de la rédaction de RTL pour qu’elle freine l’usage de l’adverbe effectivement? Avec certains intervenants, on a dix effectivement à la minute, c’est à en avoir le tournis! »
Commentaire reçu d’un auditeur nommé André
« C’est très mimétique, en réalité, le tic de langage. […] Ça signe aussi l’appartenance à un groupe social! Ça nous rassure d’employer les mêmes mots que les autres. […] Les politiques ont les leurs, l’entreprise a les siens, les jeunes ont les leurs. C’est aussi un sentiment d’appartenance. »
Bertrand Perier, invité sur le plateau de « Première Édition » (BFMTV), 09/05/2023

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